Chapître 0 : L'analyse musicale et le piano

Le piano est particulièrement bien adapté pour l'analyse musicale, car l'ensemble de ses touches blanches correspond aux 7 modes de la tonalité de Do majeur, tandis que ses 5 touches noires correspondent aux altérations qui permettent d'introduire des notes de passage ou des modulations vers d'autres tonalités.

Si l'on raisonne avec la notion de degré plutôt qu'avec le nom des notes, ce que l'on explique simplement à partir de la tonalité de Do majeur se transposera naturellement dans toutes les tonalités.

L'ensemble des écarts entre les notes successives d'un mode d'une gamme est appelé son échelle.

Par exemple, l'échelle du mode de sol d'une gamme majeure s'écrit :

2 2 1 2 2 1 2

Dans une échelle, chaque chiffre représente le nombre de demi-tons entre deux notes consécutives.

Les notes consécutives d'une échelle peuvent être regroupées dans des ensembles appelés tétracordes, pentacordes, hexacordes...

Un intervalle est caractérisé par 2 notes consécutives ou non.

Le nomb d'un intervalle, extrémités comprises, définit le nom de l'intervalle :

2 pour une seconde, trois pour une tierce, 4 pour une quarte...

Le nombre de demi-tons d'un intervalle est précisé par la notation mineure, majeure, diminuée, augmentée, juste.

On parle de tierce mineure pour un intervalle de 3 notes de trois demi-tons et de tierce majeure pour un intervalle de trois notes de quatre demi-tons.

On parle d'un intervalle de quinte juste pour un intervalle de cinq notes de sept demi-tons, d'une quinte diminuée s'il n'a que six demi-tons et de quinte augmentée s'il a huit demi-tons.

Parmi les 7 modes d'une tonalité majeure, le mode situé sur le degré VI est le plus utilisé.

C'est le mode mineur naturel, auquel on associe le mode mineur harmonique en élevant sa septième d'un demi-ton, ainsi que le mode mineur mélodique, obtenu en augmentant sa sixte et sa septième d'un demi-ton.

On désigne ce mode mineur par mode relatif mineur associé au mode majeur situé une tierce mineure au dessus (ou une sixte majeure au dessous de celui-ci)

On remarque qu'une gamme mineure mélodique peut aussi s'obtenir en abaissant la tierce d'une gamme majeure d'un demi-ton.

On parle alors de tonalité homonyme mineure de la tonalité majeure.

Ainsi, Do mineur mélodique possède l'unique touche noire mi bémol qui correspond à sa tierce mineure.

Dans une tonalité majeure ou mineure, l'accord de septième situé sur le degré V est le seul accord majeur dont la septième est une septième mineure.

Cet accord appelé l'accord de septième de dominante est particulièrement important dans une tonalité, car il contient l'unique intervalle de trois tons que possède une tonalité.

En Do majeur, c'est l'intervalle de quarte augmentée [fa si] dont les extrémités sont la quarte et la septième.

Le triton est un intervalle dissonnant, qui se résout par le mouvement contraire obligé dans lequel la septième monte d'un demi-ton vers la tonique, tandis que la quarte descend d'un demi-ton vers la tierce de la tonalité majeure courante (ou descend d'un ton vers la tierce mineure de la tonalité mineure courante)

Le renversement du triton est un intervalle de quinte diminuée, que l'on ne confondra pas avec une quarte augmentée, bien que ces deux intervalles différents possèdent tous les deux un nombre de six demi-tons.

En Do majeur, c'est l'intervalle [si fa] qui se résout en [do mi] par mouvements contraires d'un demi-ton.

Les ensembles de notes qui correspondent à des superpositions de tierces successives d'un mode d'une tonalité sont appelés accords constitutifs de cette tonalité.

Les accords de 3 notes sont appelés des triades, ceux de quatre notes, des accords de septième, ceux de cinq notes, des accords de neuvième...

Les accords peuvent être sous leur forme fondamentale ou renversés.

On parle de premier renversement quand la tierce de l'accord est à la basse, de deuxième renversement quand c'est sa quinte qui se trouve à la basse...

Les accords peuvent être incomplets, mais ils doivent en général contenir leur tierce (qui caractérise la nature mineure ou majeure de l'accord)

Certaines suites d'accords remarquables sont appelées des cadences.

La cadence parfaite V I se rencontre dans la fin d'une phrase musicale.

On dit que 2 tonalités sont voisines, quand leur nombre de touches noires ne diffèrent que de une ou deux touches noires.

L'ensemble des touches noires d'une tonalité majeure constitue son armure (sauf pour Do dièse majeur Fa dièse majeur ou Sol bémol majeur et Do bémol majeur)

Remarque : l'armure de la tonalité relative mineure est celle de la tonalité majeure qui lui est associée.

Autrement dit, on ne fait pas figurer dans son armure, la touche qui correspond à sa sensible.

On peut faire apparaître un nouveau triton dans une gamme, par altération d'un demi-ton d'une de ses notes.

Ce triton permet de moduler dans un ton voisin du ton courant.

Par exemple, l'augmentation d'un demi-ton de la quarte de la tonalité courante, est le triton de l'accord de dominante de la dominante du ton courant.

En Do majeur, c'est l'intervalle [do fa dièse] qui est le triton de l'accord de Ré7, accord de dominante de la tonalité de Sol majeur, dominante de Do majeur.

De même, le triton obtenu en abaissant d'un demi-ton la septième permet de moduler vers le ton situé sur le degré IV

En Do majeur, c'est l'intervalle [si bémol mi] qui permet de moduler en Fa majeur, par exemple.

La tonalité majeure qui a pour tonique la note du degré IV(respectivement du degré V, est voisine de la tonalité courante car son armure ne diffère de celle de la tonalité courante que par un seul bémol (respectivement par un seul dièse)

On peut aussi faire apparaître un triton, en augmentant d'un demi-ton la tonique ou en abaissant d'un demi-ton la tierce d'une tonalité majeure.

En Do majeur, on obtient le triton sol la si do dièse ou le triton mi bémol fa sol la, qui permettent de moduler respectivement vers les tonalités de Ré majeur et de Si bémol majeur.

Ces tonalités sont assez voisines de la tonalité courante, dont elles ne diffèrent que par deux altérations dans leurs armures respectives.

A partir de Do majeur, on peut ainsi moduler par tons voisins, de quinte en quinte ou de quarte en quarte.

On obtient les armures successives des tonalités de Sol majeur, Ré majeur...ou de Fa majeur, Si bémol majeur...

Elles font apparaître les touches noires qui correspondent à l'ordre des dièses fa do sol ré la mi si ou à l'ordre des bémols si mi la ré sol do fa.

La connaissance de l'armure permet de reconnaître facilement quelle est la tonalité majeure d'un morceau.

En effet, le dernier dièse de l'armure correspond à la note sensible tandis que le dernier bémol correspond à la quarte de la tonalité (donc que l'avant dernier bémol correspond à sa tonique)

Pour une tonalité mineure, il faut rechercher la quinte du ton qui est la septième du degré six.

Quand cette note est altérée (par un dièse ou par un bécarre, elle est la sensible de la tonalité mineure ) la tonalité est le ton mineur relatif de la tonalité majeure qui correspond à l'armure.

Une altération est une note étrangère à une tonalité.

On peut altérer une note quelconque d'une tonalité, qui devient alors une note de passage ou un retard vers un accord de la tonalité courante.

Par exemple, si l'on augmente d'un demi-ton la tonique d'une gamme majeure, elle peut être considérée comme la tierce de l'accord de septième situé sur le degré VI de la tonalité courante, qui sert d'accord de passage vers l'accord du degré II

En Do majeur, c'est la note do dièse, qui est la tierce de l'accord de La7 qui sera suivi, en général, de l'accord de Ré mineur.

Si l'on augmente d'un demi-ton la quinte de la triade située sur le degré I, d'une tonalité majeure, on obtient un accord de quinte augmenté qui peut être considéré comme un accord de transition vers l'accord du degré IV.

On appelle intervalle ou accord altéré, un intervalle ou un accord qui n'existe pas dans une tonalité majeure ou dans une tonalité mineure harmonique.

Nous avons déjà rencontré des intervalles de seconde diminuée, de seconde, de tierce mineure ou majeure...

On peut ajouter l'intervalle de seconde augmentée qui se trouve sur le degré VI d'une gamme harmonique, ainsi que la quarte diminuée qui se trouve sur son degré VII .

En Do mineur, c'est la seconde augmentée [la bémol si] et la quarte diminuée [si do ré mi bémol]

Par contre, il n'existe pas de sixte augmentée parmi tous les intervalles possibles construits avec les notes des tonalités majeures et mineures harmoniques.

On peut obtenir un intervalle de sixte augmentée à partir d'une sixte mineure par mouvement contraire d'un demi-ton de ses extrémités our par un mouvement oblique d'une extrémité d'un intervalle de sixte majeure.

Par exemple, l'intervalle [la bémol fa] situé sur le degré VI d'une tonalité mineure harmonique, donne la sixte augmentée [la bémol fa dièse] par augmentation d'un demi-ton de son extrémité fa.

On peut faire apparaître cet intervalle de sixte augmenté par altération dans un accord constitutif de la tonalité courante.

Nous obtiendrons un accord altéré.

En Do mineur harmonique, les accords situés sur les degré II IV et VI contiennent tous l'intervalle de sixte majeure [la bémol fa]

On peut alors construire 3 accords altérés de sixte augmentée en augmentant la note fa d'un demi-ton.

Je commence avec le premier renversement [la bémol do fa] de l'accord de fa mineur situé sur le degré IV, dans lequel j'augmente la note fa d'un demi-ton.

Cet accord, souvent appelé accord de sixte napolitaine, se rencontre comme accord de transition dans la cadence IV V, qui s'écrit ici :

[la bémol do fa] [labémol do fa dièse] [sol si ré sol]

On peut faire de même avec l'accord du second degré, ici l'accord de Ré diminué :

[la bémol ré fa] [la bémol ré fa dièse] [sol si ré sol]

On parle alors d'accord de sixte française.

Enfin,, on peut aussi écrire, à partir de l'accord situé sur le degré VI :

[la bémol do mi bémol fa] [la bémol do mi bémol fa dièse] [sol si ré sol]

On parle alors de sixte allemande.

On peut rencontrer des notes altérées jouées assez rapidement et souvent placées devant une note, qui sont considérées comme des ornements (comme les mordants, les trilles...)

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