Chapître 4 : Notations pour l'analyse et le mouvement des voix

On peut déplacer une voix d'un accord d'une octave, pour obtenir un accord ouvert.

Dans les cadences, on analyse les mouvements d'une ou de plusieurs voix, qui peuvent être conjoints ou distants, parallèles, obliques ou contraires.

Une voix peut rester fixe et correspondre à une pédale.

Enfin, les accords peuvent être enrichis avec des notes de la tonalité ou avec des notes étrangères.

Certaines notes peuvent être supprimées, comme la quinte par exemple, pour simplifier un accord sans changer sa nature.

Il faudra être capable de reconnaître les accords et leurs renversements, ainsi que des accords incomplets ou altérés.

L'analyse peut se faire dans un contexte tonal ou dans un contexte modal.

L'analyse tonale concerne plus particulièrement la musique classique, dans laquelle les degrés de tonique, dominante et sous-dominante jouent un rôle important dans la création et la résolution de tensions.

Les tensions créées par des intervalles dissonants comme la quarte augmentée ou la quinte diminuée sont résolues par des intervalles consonants comme la sixte et la tierce.

Au contraire, dans la musique atonale, on abandonne cette alternance entre consonance et dissonance, en faisant apparaître la notion de couleur associée à un mode.

Cela se retrouve dans la musique grégorienne, dans la musique moderne dodécaphonique ou serielle...

Les polycordes et les échelles

La notion de polycordes généralise les notions plus courantes de tétracorde, pentacorde, heptacorde et hexacorde.

Les échelles sont les écarts en nombre de demi-tons, entre les notes successives des polycordes.

Une gamme est un polycorde avec sa première note appelée tonique, que l'on répète à l'octave.

Les positions des notes successives sont appelées les degrés et sont désignées par des chiffres romains I II III IV...

Les polycordes construits sur les degrés sont appelés les modes de la gamme, qui sont caractérisés par leurs échelles.

Les gammes de sept notes (huit notes avec la tonique à l'octave) sont décrites comme superposition de deux tétracordes.

Par exemple, une gamme majeure est la superposition de deux tétracordes identiques, d'échelle un ton un ton un demi-ton, séparés par un ton.

Ses modes sont caractérisés par les échelles des polycordes construits sur ses degrés successifs I II...VII.

En Jazz, on utilise la terminologie mode de Do, mode de Ré...mode de Si pour les désigner, plutôt que la terminologie de la Grèce antique :

mode ionien ou mode de Do échelle 1 1 1/2 1 1 1 1/2

mode dorien ou mode de Ré échelle 1 1/2 1 1 1 1/2 1

mode frigien ou mode de Mi échelle 1/2 1 1 1 1/2 1 1

mode lydien ou mode de Fa échelle 1 1 1 1/2 1 1 1/2

mode myxolydien ou mode de Sol échelle 1 1 1/2 1 1 1/2 1

mode éolien ou mode de La échelle 1 1/2 1 1 1/2 1 1

mode locrien ou mode de Si échelle 1/2 1 1 1/2 1 1 1

On reconnait dans l'échelle du mode de Si d'une gamme majeure, le pentacorde d'échelle 1/2 1 1 1/2 qui correspond à un intervalle de quinte diminuée, suivi du tétracorde d'échelle 1 1 1 qui correspond à une quarte augmentée (ou triton)

On peut construire par transposition les 84 polycordes de tous les 7 modes des 12 tonalités de Do majeur, Do dièse majeur...

Je désignerai par 3majV par exemple, le mode V de la gamme de Ré majeur

Ici, 3 désigne la tonique ré, maj est le type de la gamme et V le cinquième degré.

On peut faire des constructions analogues avec n'importe quelle sorte de gamme, comme la gamme mineure mélodique d'échelle 1 1/2 1 1 1 1 1/2.

La notation sera par exemple 3melV pour le mode V de la gamme de Ré mineur mélodique.

De même avec la gamme mineure harmonique d'échelle 1 1/2 1 1 1 1/2 3/2, on notera 3harV

Les types de gammes les plus courants rencontrées dans le Jazz et dans la musique moderne sont :

la gamme par ton d'échelle 1 1 1 1 1 1 qui n'a qu'un mode.

la gamme demi-diminuée d'échelle 1 2 1 2 1 2 1 2 qui n'a que 2 modes.

la gamme pentatonique majeure d'échelle 1 1 3/2 1 3/2

la gamme blues obtenue en ajoutant la blue note à la gamme pentatonique...

Chaque mode correspond à une couleur, qui sera harmonisée avec des accords qui caractérisent ce mode, obtenus en superposant les intervalles obtenus en choisissant une note sur deux.

Ecriture et reconnaissance des accords

L'écriture d'un accord comme superposition d'intervalles est plus précise que la notation anglosaxonne des accords.

De plus, elle se prête facilement à l'écriture du mouvements des voix.

On désigne les intervalles mineurs ou diminués par une lettre minuscule et les intervalles majeurs ou justes par une lettre en majuscule.

On a choisi S T Q V X et O pour la seconde, la tierce, la quarte, la quinte, la sixte et l'octave.

Il n'y a pas de notation particulière pour l'intervalle de septième, ni pour la quarte augmentée.

v désigne la quinte diminuée et Q+ la quarte augmentée.

Un accord est appelé accord fermé, quand ses notes sont regroupées sur la même octave, sinon il est appelé accord ouvert.

Il est facile de reconnaître tous les renversements d'un accord fermé par permutation circulaire, quand on à doublé sa tonique à l'octave.

Par exemple, la triade Tt donne TtQ et par permutation circulaire tQT et QTt pour son premier et second renversement.

Il est important de savoir reconnaître les accords fermés ou ouverts, complets ou incomplets, avec ou sans redoublement de notes.

Liste des accords fermés et de leurs renversements

(triades et accords de septième sans redoublement)

Tt tQ QT triade majeure

tT TQ Qt triade mineure

tt tv vt accord diminué

TT accord augmenté

Ttt ttS tST STt accord de septième de dominante

TtT tTQ TQt QtT accord de septième majeure

ttT tTS TSt Stt accord mineur sept quinte bémol

ttt accord de septième diminuée

On fera de même pour les accords de neuvième, de onzième et de treizième, que l'on exécute en général comme accords ouverts avec éventuellement suppression de la quinte.

Pour écrire les accords ouverts sans redoublement de notes, il faut remplacer la superposition d'intervalles par leur concaténation.

Par exemple TtQT donne VX pour une triade majeure sans redoublement de sa tierce placée à l'octave supérieure.

Exemples de concaténation d'intervalles :

sS ou Ss = t Tt ou tT = V

SS = T SSS = Q+ TT = V+...

Ecriture des mouvements des voix

On utilise les signes + ou - pour indiquer le déplacement des extrémités d'un intervalle.

+T représente la montée d'un demi-ton de la note basse de l'intervalle de tierce T

T- représente la descente d'un demi-ton de l'extrimité haute de l'intervalle de tierce T

On redouble le signe + ou le signe - pour des déplacements de 2 demi-tons...

Cette notation met en évidence les mouvements oblique, parallèles, contraires, conjoints ou disjoints

+v- = T montre la résolution de l'intervalle dissonant de quinte diminuée vers la tierce majeure par mouvements contraires.

La notation du mouvement des extrémités d'un intervalle s'applique naturellement à une suite d'intervalles.

-ttt =Ttt montre la descente de la basse d'un accord de septième diminuée d'un demi-ton vers la tonique d'un accord de septième.

T+tt- = QSS =QT montre le mouvement obligé de la tierce de l'accord de septième de dominante vers la tonique de l'accord parfait et la descente de sa septième vers la tierce de celui-ci.

On peut convenir qu'une suite d'intervalles placée entre crochets correspond à l'intervalle somme de tous les intervalles qu'il contient.

Ainsi [SS] = T [tt] =v [SSS] = Q+

Avec cette notation, on peut écrire le mouvement +tt- = [SS] = T...

Transposition d'un accord

Pour placer un accord sur le clavier, on indique devant la suite de ses intervalles, un nombre entre 1 et 12 qui représente sa note de base (1 pour do, 2 pour do#...)

8Ttt pour Sol7, par exemple.

Avec cette convention, on peut écrire la cadence II V I dans la tonalité de Do majeur, avec déplacement minimum des voix, sous la forme :

3tT 3tSt 3++t++Q++ (soit 5tQ)

Mouvements d'une seule voix dans les accords

Nous chercherons à reconnaître les accords ou renversements d'accords, complets ou incomplets, obtenus par le mouvement d'une seule voix à partir d' une triade ou d'un accord de septième.

Mouvement de la basse

Tt +Tt=tt puis tt+=tT

Exemple 1Tt 1+Tt=2tt 2+t+t++ pour C C#dim Dm

L'accord C#dim peut être interprété comme un accord A7 sans sa tonique.

8Tt 8-Tt=7Qt 7-Qt=6vt 6-vt=5Vt 5V+t++=5xT

Dans cet exemple de descente chromatique de la basse d'une triade majeure, on obtient successivement le second renversement d'une triade mineure, puis le troisième renversement d'un accord de septième de dominante sans sa tonique, puis un accord de septième de dominante sans sa tierce et pour terminer le second renversement d'une triade mineure (ici sans sa tierce qu'il faudra ajouter)

5tQ-=5tT 5TT-=5tt 5tt-=5tS 5--t--S+=3tT

Dans cet exemple, la descente chromatique de la voix de soprano fait apparaître une triade mineure sous sa forme fondamentale, puis un accord diminué, puis le deuxième renversement d'un accord de septième de dominante sans sa tierce et enfin une triade mineure sous sa forme fondamentale.

Chapître suivant : l'analyse et la reconnaissance auditive

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